Je me permets de relayer ici le fort stimulant appel à communications diffusé par Sébastien Repaire et l’Institut François Mitterrand via l’association des historiennes et historiens du contemporains (H2C) intitulé : « François Mitterrand et les anciens combattants, 1916-1996 ». Texte en effet pour le moins inspirant que celui-ci, et qui intéressera tout particulièrement la Bretagne puisqu’on sait que cette région relève de ce « grand Ouest » dont un certain nombre de grandes villes basculent à gauche lors des municipales de 1977, pavant ainsi la voie vers mai 1981, mais aussi que c’est à Guimaëc, en Finistère, que Morland débarque clandestinement en février 1944[1]. C’est dire donc si, entre culture d’un capital politique, entretien d’un socle électoral et ambiguïtés algériennes, l’exploration de ces liens cultivés avec le « monde combattant » sera porteuse de perspectives, y compris pour celles et ceux s’intéressant à la péninsule armoricaine.
Présentation
Le monde des anciens combattants a été déterminant dans la vie personnelle de François Mitterrand et dans sa trajectoire individuelle et politique, dont toutes les étapes successives ont été marquées par le « fait » ancien combattant : les années de jeunesse et de formation dans l’entre-deux-guerres, la participation au second conflit mondial comme combattant, prisonnier de guerre en Allemagne puis évadé, Vichy, la Résistance, la Libération, puis la quatrième République, qu’il s’agisse de sa carrière gouvernementale (y compris comme ministre des Anciens Combattants en 1947-1948) ou de son action politique (notamment dans l’UDSR), et enfin la cinquième République, de la rivalité avec le général de Gaulle à la marche vers le pouvoir et enfin la présidence de la République.
Ce colloque vise à éclairer et à mettre en perspective cette donnée structurante de la biographie de François Mitterrand qui le relie de manière permanente et fondamentale à un fait social et politique majeur de la France du vingtième siècle.
Il s’agira d’explorer, en premier lieu, la trajectoire personnelle de François Mitterrand, depuis son expérience combattante pendant la Seconde guerre mondiale et son expérience de la captivité en Allemagne, jusqu’à sa nomination aux fonctions de ministre des Anciens combattants (1947-1948), un itinéraire personnel qui inclut son passage par Vichy tout autant que son engagement de plus en plus marqué dans la Résistance. Mais il s’agira également de questionner la relation de François Mitterrand avec les anciens combattants, les prisonniers de guerre et la Résistance, trois ensembles qui se recoupent imparfaitement. En effet, le futur président de la République fait de cette relation privilégiée, due à son propre itinéraire, un facteur de légitimation et le point de départ de son ascension politique. Les communications pourront s’inscrire dans trois axes qui parfois se combinent :
François Mitterrand pendant la Seconde Guerre mondiale : du soldat mobilisé à l’ancien combattant
On pourra commencer ici par questionner le rapport qu’entretient François Mitterrand aux anciens combattants, notamment ceux de la Grande Guerre, avant 1939, en interrogeant en particulier sa perception sociale et politique d’un enjeu central de la France de l’entre-deux-guerres. L’expérience combattante, la captivité en Allemagne et les évasions de François Mitterrand seront également à analyser, par exemple via la question des conditions de détention des prisonniers de guerre. Le rôle de Mitterrand à Vichy et au Commissariat au reclassement des prisonniers de guerre, la transition vers la Résistance – avec notamment un questionnement sur la catégorie de vichysto-résistant appliquée à François Mitterrand –, puis l’engagement de celui-ci dans la Résistance intérieure – au sein du Rassemblement national des prisonniers de guerre (RNPG) et du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (MNPGD) – constitueront enfin une dimension importante de ce premier axe. On pourra questionner la proximité de François Mitterrand avec Henri Frenay, ainsi que le rôle et l’influence de cette relation dans le parcours politique du premier.
De la sortie de guerre au ministère des Anciens combattants
Ce deuxième axe sera l’occasion d’étudier l’itinéraire de François Mitterrand en sortie de guerre, notamment en interrogeant son statut d’ancien combattant comme facteur de légitimation politique, en particulier vis-à-vis des anciens prisonniers de guerre comme lui. Ce faisant, on pourra analyser la mutation du MNPGD en Fédération nationale des combattants et prisonniers de guerre (FNCPG), en insistant sur l’analyse des enjeux et des dynamiques internes qui président à cette mutation. L’image d’ancien combattant associée à François Mitterrand pourra également être étudiée à l’échelle d’organisations politiques telles que l’UDSR. L’action de François Mitterrand au ministère des Anciens combattants (1947-1948) sera une autre dimension majeure à interroger. Doté de ce portefeuille ministériel – un ministère social, historiquement construit contre le ministère de la Guerre – François Mitterrand doit faire face aux défis de la sortie de guerre (épuration, reconnaissance des statuts, exhumations/ré-inhumations) et aux premières tensions de la guerre froide. On interrogera également l’impact de la fonction sur le parcours politique de François Mitterrand, en particulier s’agissant de son image auprès des anciens combattants et plus largement dans l’opinion publique.
Les enjeux mémoriels
Le troisième axe adoptera une approche thématique et portera sur les enjeux mémoriels de la question. Ceux-ci pourront être déclinés dans leurs différentes dimensions : d’abord, les controverses mémorielles autour du passage de François Mitterrand par Vichy ; ensuite, l’héritage mémoriel laissé et construit par François Mitterrand s’agissant de son passé d’ancien combattant ; enfin, les commémorations sous la présidence de François Mitterrand, en questionnant la place des anciens combattants, français et étrangers, dans les politiques mémorielles mises en œuvre de 1981 à 1995.
Sources
La plus grande variété de sources pourra être mobilisée, dont les archives conservées à l’Institut François Mitterrand qui, si besoin, pourra orienter les intervenants.
Soumission des propositions
Les propositions de communications devront être envoyées avant le 15 février 2025 à l’adresse suivante : colloquemitterrand@gmail.com. Merci d’inclure les éléments ci-dessous :
- Le titre de votre communication
- Un résumé de 3 000 signes maximum (espaces compris)
- Vos coordonnées complètes (nom, prénom, affiliation, adresse électronique)
- Une brève bio-bibliographie
Une réponse vous sera donnée au plus tard le 15 mars 2025.
Contact
Pour toute question, merci de n’utiliser que l’adresse suivante : sebastien.repaire@mitterrand.org
Organisation : Institut François Mitterrand (IFM), en partenariat avec le Ministère des Armées et des Anciens combattants avec le soutien de la Fédération nationale André Maginot (FNAM).
Date : 5, 6 et 7 décembre 2025
Lieu : ParisComité scientifique : Frédéric Bozo, Noëlline Castagnez, David Dominé-Cohn, Julian Jackson, Sabine Jansen, Bernard Lachaise, Géraud Létang, Christine Manigand, Sébastien Repaire, Bénédicte Vergez-Chaignon, Olivier Wieviorka.
[1] Boisdron, Matthieu et Catala, Michel, Les élections municipales de 1977, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Erwan Le Gall (22 novembre 2024). AAC : François Mitterrand et les anciens combattants, 1916-1996. Ar Brezel. Consulté le 13 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12qrr